Dater le début de l’utilisation du cor serait aussi vain que de rechercher les origines exactes de l’utilisation d’un morceau de bois pour creuser un trou dans la terre. Autrement dit il y a fort longtemps on se servait de conques marines et de coquillages pour produire un son. Le procédé est assez identique à celui d’aujourd’hui car si les instruments ont évolué avec les siècles le principe de base reste le même, à savoir de faire vibrer les lèvres pour déclencher une oscillation qui va fabriquer le son. La lèvre tient ici le rôle d’une corde de piano par exemple qui se met à vibrer et qui naturellement fabrique le son .
Historiquement le cor, comme d’autres instruments, tels la trompette ou certaines percussions, était principalement destiné aux musiques de circonstances, aux sonneries, aux appels (cor de poste, que l’on retrouve sur les boîtes aux lettres en Allemagne). Il faudra attendre le 18ème siècle pour voir évoluer cet instrument puisque progressivement, alors qu’au départ la main droite ne servait à rien, elle va être utilisée comme « étouffoir à fermeture variable » qui va en quelque sorte créer des sonorités nouvelles.
Cette main droite va commencer son parcours de modificateur d’ouverture au niveau du pavillon et donner naissance au cor naturel qui est un cor sans aucun piston mais avec différentes longueurs de tiges qui permettent, lorsqu’on les change, de rallonger ou raccourcir la longueur du tube (donc du cor) .Cette nouveauté va projeter le cor dans une utilisation plus fine et intéressante du point de vue du répertoire puisque des compositeurs comme Haydn, Mozart, Stamitz, Schubert, Beethoven vont lui donner ses premières lettres de noblesse dans un répertoire très varié allant de l’orchestre à la musique de chambre en passant par l’utilisation en soliste avec de nombreux concerti.
L’invention dans le premier tiers du 19ème siècle des pistons va encore propulser le cor dans un répertoire toujours plus audacieux avec notamment des compositeurs comme Schumann, Wagner, Bruckner, Mahler mais pas Brahms qui restera fidèle au cor naturel.
On peut dire en effet que ce progrès technique (l’invention des pistons) va faire évoluer l’écriture du cor dans des proportions qui dépassent ce que les premiers utilisateurs, il y a des siècles, auraient pu imaginer.
On retrouvera cette utilisation très audacieuse dans le répertoire de Richard Strauss, Alban Berg, et toute la génération de compositeurs du 20ème siècle qui vont aussi, grâce à leurs connections avec les compositeurs et musiciens des débuts du cinéma, faire naître toute la génération des compositeurs de musiques de films. Ces derniers viendront s’inscrire dans l’histoire de la musique du 20ème siècle. Nous citerons par exemple John Williams (La guerre des étoiles), Bernard Hermann (musiques des films d’Hitchcock) ou encore Danny Elfman (Batman et autres films de Tim Burton). Il y en a bien sûr beaucoup d’autres qui ont tous contribué, grâce à leur génie de l’écriture, à la dimension supplémentaire que donne la musique à un film (Ennio Morricone, Nino Rota, Maurice Jarre).
Tout n’est que continuité et si le cor est très présent dans les grandes musiques de films, c’est qu’il nous présente une palette sonore et un sentiment de « son des grands espaces » qu’aucun autre instrument ne peut lui retirer. Et les compositeurs de musiques de films l’ont bien compris…
Cette évolution de la facture et de l’écriture va également projeter le cor dans la musique dite contemporaine qui a pour particularité d’utiliser toutes les possibilités sonores du cor avec l’emploi du son bouché, de la sourdine, du glissando, du son voilé etc … et d’une écriture débridée et très libre .
Les compositeurs d’aujourd’hui sont toujours présents dans l’utilisation du cor et nous nous en réjouissons car si les formes musicales et la manière de concevoir la musique ont évolué, le plaisir de créer et de faire découvrir au public les musiques de notre temps reste aussi vif que du temps de Mozart ou de l’antiquité…
Je vous invite à porter une attention particulière au cor dans les musiques de films :
La guerre des étoiles,
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Indiana Jones…
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Dans le répertoire classique et contemporain avec les concerti de Mozart, de Richard Strauss, les symphonies de Brahms, de Mahler de Bruckner, les opéras de Wagner et la musique française de Debussy à Ravel, sans oublier Olivier Messiaen et plus récemment Pierre Boulez qui a beaucoup utilisé le cor dans ses pièces symphoniques, avec la particularité de recréer un lien sonore avec une écriture pour le cor assez proche des Viennois de la seconde école, à savoir Berg, Schönberg et Webern.
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